Rokhaya Diallo constate, un plateau télévisé après l’autre, qu’« en tant que femme, il faut toujours sourire, être douce, parler bas, être mince, ne pas prendre d’espace en gros ». Elle est très fine, pleine de charme mais elle a décidé de prendre de la place dans les débats.
Christiane Lambert est la voix des agriculteurs français, mais aussi la voix, plus lointaine, plus précaire, des agricultrices. Son parcours ? « Lorsque je disais que je voulais être agricultrice beaucoup me disaient mais non tu es une femme tu n’y arriveras pas, tu ne trouveras pas de terre, tu n’auras pas la confiance du banquier, c’est trop dur, c’est un métier d’homme ».
Après des années de consultations gynécologiques auprès de femmes de Seine-Saint-Denis, Ghada Hatem soupire : « la femme n’est pas maîtresse de son destin, c’est un objet qu’on se passe, un objet dont on se sert quand on a des besoins sexuels. C’est un objet qui permet de payer des dettes ».
Inna Shevchenko est une icône vivante. Il s’en est fallu de peu : « je sais d’expérience que pour certains, il est plus facile de tuer que d’accepter que les femmes reprennent possession de leur voix et de leur corps pour défier leur morale ». Continue reading
Mélissa Plaza est une internationale de football qui vous explique : « dans le sport, la discrimination s’inscrit dans les moindres détails ». Elle vous raconte les agressions, le manque de moyens, les bus de nuits, les petits coachs qui se vengent d’avoir été trop mauvais pour encadrer des hommes. Et vous, vous ne saviez rien.
« Quand les femmes feront la guerre, elle s’appellera la paix », Fawzia Zouari est une femme d’une belle volupté. Une femme qui veut écrire et lire. Mais elle est née avec cette flamme. Cette flamme que n’avaient peut-être pas ses sœurs ou ses voisines. Cette petite flamme, elle ne l’a pas choisie mais elle l’a regardée en face.
Quand on demande à Christine Pedotti, ce que signifie, pour elle, être une femme, elle vous laisse avec un long silence. Ce silence n’est pas un vide, il n’est pas embarrassé. Ce silence, on sent qu’il embrasse toute la question, qu’il pèse sa vérité, on sent qu’il fait surgir un chemin. Et puis la réponse tombe, la réponse qu’au fond on espérait, parce que paradoxalement, elle nous laisse moins seule(s), moins perdue(s), moins conne(s) : « je ne sais pas. Je ne sais pas ce qu’est être une femme, mais je sais que je m’allie aux autres femmes quand on leur conteste le droit le statut d’être humain ».
Véronique Slovacek Chauveau est une militante qui vous dit « il faut commencer à se battre même avant la naissance je pense, dès que l’on sait que c’est une fille ou un garçon on ne s’adresse pas à la maman de la même manière ». Vous revient soudain ce jour où, enceinte d’une fille, on vous avait dit « bon… ça sera pour une prochaine fois [NDLR : l’honneur de porter un mâle] ».
Chez Janine Mossuz-Lavau, il y des tee-shirts collectors avec des slogans politiques sur les dossiers des chaises. Ici, on prend le parti des foules. #MeToo ? Elle n’a pas été surprise le moins du monde. Depuis des décennies, elle donne la parole à tout le monde, vraiment. Et elle écoute. La peur, le harcèlement, mais aussi l’égalité, la libération, la liberté sexuelle, elle a déjà tout entendu. La masculinité à la dérive, les hommes déboussolés ?
Eve Parier est une femme qui vous dit d’emblée « ce qui guide mes modèles de femme, c’est le courage ». Au moment des attentats du Petit Cambodge et du Carillon, Eve Parier éteint son bureau de directrice du groupe hospitalier Lariboisière, Fernand Widal et Saint-Louis. Il est 21H30, un vendredi soir, elle hésite quelques secondes. C’est l’une des rares fois où elle prend à droite pour prendre une petite sortie piétonne dont elle a la clé. À gauche, le chemin qu’elle prenait d’habitude l’aurait menée tout droit sous le feu des assaillants. La sensation de ses secondes-là, dit-elle, est encore vive dans sa mémoire.